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Affichage des articles du juillet, 2023

À propos de l'incipit

 Sur l’incipit…  En littérature, la première impression est la plus forte.  Eugène Delacroix  On va rappeler que « incipit » tire son origine dans la formule latine « incipit liber » : « ici commence le livre ». Il vient précisément du verbe latin incipere : « commencer » et désigne les premiers mots d'une œuvre musicale chantée ou d'un texte littéraire… ; il peut s’étendre jusqu’à un ou plusieurs paragraphes. Ses origines latines font qu’il garde la prononciation « inkipit ». En français, il arrive qu’on le désigne par le terme "phrase-seuil" ou même de "chapeau" pour parler comme les gens de la presse.  L’incipit constitue en réalité un enjeu majeur dans le processus de création.  Il doit donner envie de lire la suite, mettre mal à l’aise, dépayser, questionner, renseigner… Il donne lieu au pacte de lecture. Il sert à programmer la suite du texte, en définissant le genre, le point de vue adopté par le narrateur, les personnages, etc., mais surtout, IL DOIT

Des ailes au loin

       Il faut lire ce texte, c'est excellent! Le plaisir que ça procure... Je finis de lire et je suis content!      Destins de femmes. Voix de femmes en plein Moyen-Orient. Roman choral, les femmes (04 femmes) se passent la parole... De génération en génération, du même au pareil, dans une sorte d'atavisme. Les femmes de la même famille ont le même sort, ont le même destin...dans ce contexte de crise perpétuelle. Mais elles n'abandonnent pas...Elles aménagent, chacune son jardin, difficilement...      De la première à la dernière phrase, la langue est belle. Le rythme t'empêche de marquer une pause. Et cette harmonie entre l'incipit et l'excipit... Comment on fait pour commencer et terminer comme cela! Bellement! Incipit : La mer. Mes jambes fusaient. D'un instant à l'autre, je m'envolerais vers le ciel orangé et vide de nuages. __Prends à droite. J'ai sursauté. Comment Ahawa m'avait-elle rattrapée ? J'ai obéi et me suis cachée d

La saison des regrets

 "La Saison des regrets" est en quelque sorte un roman d'apprentissage. Jeunes, école, amitié, relations idylliques, trahisons... et une petite place aux parents. Les jeunes grandissent en se forgeant progressivement leur conception propre de la vie.      L'auteur se met dans une posture d'éducateur des personnages (jeunes), et du lecteur aussi en confiant sa voix à un narrateur extradiégétique ; il cultive alors chez ses personnages un développement personnel.  Naïve au départ, c'est à travers ses propres expériences qu'Anthai, peu à peu, grandit et mûrit. On lit ce roman et on se rappelle très vite  de "Les Frasques d'Ébinto"... Mais le récit va tout droit... Il manque de l'épaisseur ; il manque le romanesque qui tiendrait le lecteur en extase, qui lui donnerait envie de tourner la page sans se lasser. On attend la surprise, le " coup de roman". Hélas, ça ne vient (presque) pas.     Sinon l'auteur est poète, la langue se v

Nous étions des êtres vivants

        Le monde du travail/la fiction d'entreprise. Lecteur de la fiction d'entreprise, NK ne m'a pas convaincu.  "Nous étions des êtres vivants ", une société spécialisée dans l'édition est au bout du gouffre. Elle est rachetée par un " sauveteur " qui promet de tout relancer à nouveau. Pour cela, il faut déplacer le siège de l'entreprise et prendre des mesures draconiennes comme le licenciement de certains employés dont l'existence dépend de ce job.       Rumeurs, trahisons, chacun prie et jour pour lui-même. En plus du titre plaisant, il y a un personnage collectif que l'auteure nomme "Le Choeur" qui rend particulier la narration. Le texte se lit comme un roman choral où chaque employé témoigne de son drame personnel lié à la situation. Puis le chœur qui traduit le drame collectif.      Ça fait penser sur-le-champ à "Aux animaux la guerre" de Nicolas Mathieu. Mais ici le récit est construit à partir de caricatures

Comme une épopée manquée

       Le blocus de Diamba ou le Digba Poteau de Samory Touré, Éditions Lôny, 2023.         L’auteur l’appelle poésie fictionnelle basée sur une légende. En fait, le sujet ici est un pan de l’histoire de la conquête des peuples de Samory. Contrairement à ce qu’on dit de Samory Touré, l’invincible, on lit dans ce livre qu’il aurait été empêché d’entrer à Diamba (Tanda, Côte d'Ivoire).       Dans cette logique, ce texte se livre plutôt comme une épopée, avec Samory comme antihéros et le peuple de Diamba comme le héros collectif. Cela apparaît tellement évident que l’auteur s’est tiré, en quelque sorte, une balle dans la plume en faisant le choix de faire de la poésie, tout court. Mais c’est une épopée(ou ça devrait l'être), un long poème narratif; même si là encore ça fait plus narration ennuyante que poésie. Il faut sauver ce projet en le réécrivant, car ce qu’on appelle ici poésie va si maladroitement qu’il noie le beau projet de base. La pilule passe difficilement.      Et cel