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Affichage des articles du juin, 2024

L'odeur des étudiants dans la fiction romanesque (ivoirienne)

    Ces Soleils ardents, roman de mœurs         Ces soleils ardents est un roman qui voudrait se lire comme une observation minutieuse de la réalité sociale et une représentation sans concession du milieu populaire (estudiantin). C’est un grand miroir — si on veut parler comme l’auteur de Le rouge et le noir— que l’on promène le long d’un amphithéâtre. On nous renvoie alors les conditions difficiles des étudiants (principalement) en offrant un portrait détaillé de leur vie, du reste misérable. Il y émerge toutefois une galerie de personnages étudiants qui, accrochés à leurs rêves, s’évertuent à résister aux tempêtes. Comme quoi, on peut tirer le diable par la queue et décrocher une étoile.          L’intrigue du roman s’élabore de fait autour du parcours tumultueux de deux jeunes étudiants, Iro (on pourrait entendre héros) et Thierry, représentant chacun une voix narrative. « Toi et Thierry vous êtes vraiment faits du même bois ». On pourrait dire qu’ils sont des jumeaux, parce que to

La politique de réédition

        —LA RÉÉDITION          Parlons de la réédition chez-nous ici. Pourquoi on ne réédite pas les classiques? Pourquoi on laisse les auteurs mourir? Parce que les rééditer ne sera pas rentable ? Parce que les éditeurs n'y ont pas droits ? Parce que on s'en fout? Parce qu'ils n'ont plus d'intérêts...?        Quelle est la politique de la réédition à chez-nous pays?      Il y a combien aujourd'hui qui ont lu ou qui savent que Le poète Zadi Zaourou a aussi écrit en se mettant  "À califourchon sur le dos d'un nuage"?         Qui les connaît, qui connaît leurs œuvres, Noël X Ebony, Jacques Anoma, Anoma Kanié, Bertin Doutéo, Louis Akin, Fatho Amoy, Ake loba, Amon d'Aby, Bohui Daly, Simone Kaya, Koffi Kwahulé, Charles Nokan... De quoi on se nourrit donc aujourd'hui, nous Sankofa de Koumassi?     Bien-sûr, il ne faut pas confondre nouvelle édition et réimpression que les uns et les autres font régulièrement ici.    La réédition nouvelle édition

Yves Arsène Kouakou se remet à l'écriture

 Comme une nouvelle        Comme une confidence de Yves Arsène Kouakou , un recueil de nouvelles. Tout le monde est poète ici et accessoirement nouvelliste, la nouvelle étant considérée comme un genre réservé à ceux à qui il manque du souffle pour écrire un roman.       Alors, la première de couverture est plaisante du fait du choix de la couleur qui ne fait pas dans la violence et dans l'exubérance. Mais la quatrième de couv présente un petit passage inexpressif et quasiment invisible à cause du long cv qui sert de biographie de l'auteur - ainsi que le font les éditeurs ivoiriens.        Cinq petites nouvelles qui se lisent facilement. La première fait don de son titre au recueil et en même temps chaque nouvelle s'offre comme une confidence; des secrets dans le placard, à dévoiler. L'auteur a le mérite de réussir ses chutes; il réussit les petits dribbles finaux qui jettent du charme sur le recueil.      Quand à la langue, elle est à la fois plate et fermée, reposant

Henri-Michel YÉRÉ, un poète gardien de la mémoire

   La langue yéréenne : flamboyante        « Si ce pays ne me blessait pas les doigts quand je l’écrivais d’une main en retenant mon cœur de l’autre, je me demanderais alors la raison de toutes ces routes qui attendent mon pas pour que, justifiées, elles tiennent en demeure les racines des arbres qui travaillent à lier le monde la nuit, pendant que complots et tortures rougissent déjà le ciel qui nous tiendra de matin »       Je vous propose qu’on rentre tout de suite dans le vif du poème. Henri-Michel Yéré est poète. Dans un paysage où tous se disent poète, où parole usuelle semble avoir plus d’écho que la parole poétique, il devient impératif de parler de la poésie de Yéré. Qui est poète ? Lui. C’est-à-dire, capable d’inventer une langue (pas creuse) qui touche, et de donner l’impression d’être seul à en inventer de cette manière, capable de retirer toutes les digues qui retiennent la langue prisonnière des chants usés de tous les jours.        L’abord de la poésie de Yéré est, quand