La littérature de ceux qui vont venir demain : le Goncourt de l'IA

 La littérature de ceux qui vont venir demain : le Goncourt de l'IA


     Nombreux sont les amis qui m'ont tagué sur le post du sieur Kaboré, qui propose ses services d'écrivain public posthumain. Avec seulement 50000 francs il peut écrire un livre pour vous en quelques jours. Soit il t'envoie la version numérique ou le livre physique après que tu auras payé, bien évidemment. C'est bien fait pour les gens comme Dix-fois-gbé qui croient que tout le monde ne peut être écrivain-là. 


     Ça semble être un business juteux au vu des nombreux commentaires de bénéficiaires et de solliciteurs. Une belle occasion pour ceux qui  luttent avec la page blanche; ceux qui rêvent d'être écrivain, qui ont le crâne-yacouba d'idée mais qui n'arrivent pas à écrire la première phrase et tutti quanti. 


      À ceux qui m'ont tagué, ce n'est pas mon combat hein (rires) et ce n'est pas nouveau. C'est une forme nouvelle ou évoluée du travail d'écrivain publique, de nègre littéraire. Ça date de longtemps. Ça se passe ici, chez-nous et partout. Il y a des gens qui écrivent pour d'autres. Et cela ne concerne pas seulement des biographes. Ça va bien au-delà. On paye leur cachet et la vie avance. C'est comme ça le négrisme littéraire.


      Il y a que dans le contexte actuel où la technologie rivalise avec le ciel, l'art aussi perd de sa graisse. La muse est descendue sur terre et s'est logée dans une machine. Elle est devenue artificielle. On parle maintenant de muse technologique. Le nègre littéraire est devenu numérique. Ailleurs, depuis longtemps, les gens ont commencé à s'interroger sur l'avenir de la littérature face à la montée de l'Intelligence Artificielle (on peut lire plein de trucs dessus). Aucun domaine n'y échappe dans tous les cas. La littérature s'auto-interroge déjà à travers des fictions qui donnent à lire la production de récits par l'IA. Un média chinois rapporte qu'un Prix Nobel reconnaît s'être servi de ChatGPTpour écrire son discours. Au USA, un Magazine refuse désormais (après qu'il a été inondé par des textes produits par l'IA)les manuscrits si ce n'est pas écrit par l'IA. 


     Aussi, et peut-être, est venue l'heure de se réaliser la prophétie de la mort de l'auteur annoncée depuis tout ce temps. Peut-on parler d'auteur (humain) si le texte est écrit par une IA? Parlera t-on de co-écriteurs entre auteur humain et auteur artificiel ? L'auteur va mourir cette fois-ci pour de bon. Les jaloux iront jusqu'à parler de la mort de la littérature elle-même. Puis il n' y aura plus de correcteur-relecteur, de critique, de jurés pour les prix (on trouvera un lecteur artificiel pour décrypter les textes, construire le sens et faire résumé puis noter), d'éditeur... 


       Tout se fera avec IA. Paraît-il qu'il suffit de lui demander ce que tu veux. Elle te donne les pistes, construit le roman, le conflit entre les personnages, créé l'émotion... Ceux qui ont dit qu'on naît écrivain vont sûrement revenir sur leur affirmation... 



Erick DIGBE, Écrivain-poète, critique littéraire, correcteur-relecteur, Conseil indépendant auprès des éditeurs!

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