À PROPOS DU CONTE (RIDI REGRETTE SES BÊTISES)

IMPORTANCE DE LA LECTURE POUR LES ENFANTS, À PARTIR DE "RIDI REGRETTE SES BÊTISES" (Conte), LORS DE LA CÉRÉMONIE DE DÉDICACE


       Le conte désigne à la fois un récit de faits ou d’aventures imaginaires et le genre littéraire (avant tout oral) qui relate les dits récits. En tant que récit, il peut être court mais aussi long visant généralement à distraire ; mais cette distraction a toujours une charge didactique. En conséquence, il finit toujours par une leçon de moralité. Cette nature ludique et didactique fait du conte un canal par excellence de l’éducation populaire. Les deux pratiques du conte (écrit et oral) se distingue par leur mode de création et de diffusion. En outre le conte se démarque par son caractère hybride et protéiforme qui lui permet de prendre en son sein d’autres genres.

      Contrairement à la devinette, au proverbe et à la comptine, le conte est un genre narratif. Il est délibérément fictif contrairement à la légende qui se présente comme véridique même s’il existe le conte merveilleux. Il a pour cadre narratif le monde des hommes avec son environnement végétal, animal et minéral. En outre le conte traditionnel et le théâtre se rencontre sur la scène et se confondent ; et parce que la scène est un fourre-tout, le slam, forme de poésie, et le conte se rencontrent aujourd’hui pour donner le conte-slam. Aussi, contrairement au roman et à l’épopée, le conte est un récit court qui privilégie la représentation comme au théâtre et moins la narration. Le conte traditionnel se dit généralement la nuit par des professionnels de la parole (griots, vieillards), et établit un dialogue vivant et direct entre le conteur et son auditoire. 

        Il en existe différents types notamment le conte merveilleux (conte de fée), le conte philosophique, le conte fantastique, le conte étiologique, le conte facétieux ou plaisant. Le conte a de multiples fonctions à savoir les fonctions ludique, didactique, religieuse, subversive, et la fonction de conservation de la tradition. Malheureusement il y a peu d’auteurs de conte aujourd’hui, peu de praticiens. On trouve rarement des contes aux programmes scolaires…

      Ridi regrette ses bêtises est un conte illustré d’une trentaine de pages pour enfant. Un conte pour enfant est généralement illustré. Un contre illustré c’est bien, très bien d’ailleurs. Cela facilite la compréhension du texte par les tout-petits. Ceux-ci établissent un lien entre le texte et l’image ; ils comprennent alors très vite parce que l’image est un texte condensé, un texte figé, un texte résumé qui se fixe facilement dans la mémoire de l’enfant. L’image illustrative est donc une belle porte d’appréhension du conte, donc de ce conte par les enfants. En même temps, l’illustrateur doit être regardant sur le détail parce que l’image est facilement mémorisable qu’une erreur aussi minime qu’elle soit peut rester dans la mémoire de l’enfant. Car on vise avant tout à inculquer des valeurs aux enfants, on vise une transformation qualitative de leur comportement, on cherche à forger une personnalité meilleure de l’enfant. Ici par exemple, un enfant curieux et attentif à qui on appris à saluer avec la main droite pourrait nous demander : Tonton pourquoi Ridi lève la main gauche à ses parents ? et ceux-ci font pareil aussi. Pourquoi oncle Solo ne dit pas à Ridi d’aller déposer lui-même son sac de voyage (ce qui serait une manière de l’éduquer) et c’est l’oncle qui le porte ?  En fait, le risque avec le conte illustré est que le petit retient vite grâce à la mémoire visuelle ou photographique qui occupe une place prépondérante dans le cerveau. La mémoire visuelle lui permet de retenir les images pour comprendre l’histoire en l’interprétant selon sa vue. Une petite erreur peut amener l’enfant à déconstruire le conte. Et dans ce cas, c’est lui qui a raison. Les enfants ont une certaine finesse qui nous surprend toujours.  ATTENTION DONC !!!!

        Le récit se caractérise par la vitesse de la narration qui permet de facilement appréhender sa structure. Mais cette vitesse dans la narration peut être préjudiciable, on peut constater une certaine confusion des étapes narratives ou une accumulation et quelques constructions phrastiques assez indigestes. Même si on a le droit de signaler quelques aspérités du style de l’auteur, il faut cependant reconnaitre que le texte est très digeste et facile à assimiler par les tout-petits. L’auteur choisit de faire parler Ridi au présent mettant en exergue la valeur énonciative du présent (momentanée, immédiate). L’action se passe au moment où Ridi parle. En s’identifiant à lui, le jeune lecteur a le sentiment de vivre les événements en même temps que RIDI. Le présent rend plus vivant l’histoire et trouve prompt assentiment de la part du jeune lecteur. De plus le choix des personnages nous plonge dans l’univers du conte. Ce sont des individus indentifiables qui représentent des types de personnes désignés par leur classe d’âge ou leur origine sociale. Ce sont : le jeune garçon Ridi, ses parents ; la grand-mère au village qui symbolise la sagesse… Il en est de même pour le choix de l’espace qui inscrit l’action dans le cadre familial avec son environnement végétal, animal et minéral. Et le beau geste de l’auteur c’est d’avoir eu l’idée de faire envoyer Ridi chez sa grand-mère au village (l’espace qui symbolise la sagesse) afin que celle-ci lui apprennent les valeurs qui forgeront sa personnalité future…

       Au-delà de la fonction didactique de ce conte, le titre est fort éloquent à propos, je crois que le choix de l’auteur de parler aux tout-petits trouve tout son sens dans sa volonté susciter l’amour de la lecture en eux, leur inculquer cette valeur. On dira aux enfants : lisez ; la lecture est une belle chose. D’accord ! mais ma foi, il revient aux parents de réaliser d’abord la valeur, la nécessité de la lecture. Tout homme est dit intelligent parce qu’il a de la culture ; or la culture est la somme de nos expériences. Le livre apparait donc comme un foyer pour amasser d’autres expérience, car notre seule expérience est insuffisante pour notre assise cultuelle, le livre offre toujours ce qui nous manque comme connaissance, le livre sauve. Chers parents, sauvez vos enfants, sauvons les enfants (même les grands égarés). L’école ne peut pas tout leur apprendre. Trouvez des astuces. Si l’enfant est attiré par l’argent par exemple, dites-lui un livre lu et résumé est moyennant quelque chose, et tenez vos promesses. Ajoutez toujours un livre aux cadeaux de vos enfants. S’ils aiment la télé, trouvez une bonne chaine qui propose une émission éducative, dites-lui de faire le compte rendu moyennant un cadeau.

      Il faut noter aussi que lire ce n’est pas qu’ouvrir un livre. Lire c’est voyager. Le cas de Ridi ici. Lire c’est aller au zoo, au musée, lire c’est aussi se promener, aller découvrir… Vos enfants lisent également quand vous leur raconter des histoires…Lire c’est la vie.

Auteur : Ismaël OUEDRAOGO

Titre: RIDI regrette ses bêtises (conte, 2021)


DIGBE, Tato Érick

#dixfoisgbe

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